L’Enfant et les Sortilèges
Fantaisie lyrique en deux parties de Maurice RAVEL (1875-1937)
Sur un livret de COLETTE (1914), créée le 21 mars 1925 à l’Opéra de Monte-Carlo. Arrangement pour flûte, violoncelle et piano à quatre mains de Didier Puntos
[…] Il fallait arrêter la composition d’une formation dont l’originalité empêche l’oreille d’écouter en référence à la version orchestrale, et dont la richesse en timbres puisse restituer la diversité de l’écriture ravélienne. Pourquoi, alors, ne pas mélanger trois modes de jeux instrumentaux bien distincts : le souffle, avec la flûte (également piccolo, flûte en sol ou flûte à coulisse selon les besoins), l’archet, avec le violoncelle et, enfin, le clavier dont l’infinie complexité permet de créer l’impression de masses, de volumes, mais aussi de styliser l’âpreté d’une percussion, le cristallin d’une harpe ou la brillance d’un cuivre ? Le reste n’est plus que jeu, jeu d’écriture bien sûr : jeu des quatre mains qui s’emboîtent ou se croisent, jeu sur la combinatoire quasi-illimitée d’un tel quatuor, jeu sur la couleur, jeu dans l’espace […].
Note d’intention de Didier Puntos pour la création en 1989 à l’Opéra de Lyon, suite à la commande qui lui avait été faite par l’Atelier lyrique.
Première partie
La maison
Dans une vielle maison normande, un enfant peine à faire ses devoirs. Pris d’un accès de colère, il est puni par sa mère. Le voilà qui s’en prend à tout ce qui l’entoure. Il renverse et brise la théière et les tasses, met en pièces ses livres, tire la queue du chat et menace l’écureuil en cage, déchire le papier peint avec le tisonnier, terrorisant les personnages imprimés. Il ouvre alors l’horloge comtoise pour se suspendre au balancier qu’il arrache. À bout, il tente de s’asseoir dans le fauteuil qui, prenant vie, recule. Et ce n’est que la première réaction de tous les éléments qui l’entourent ! Devenus vivants, à leur tour, ils s’animent dans un ballet infernal. Le fauteuil invite la bergère Louis XV, les autres sièges lèvent bras et pieds pour affirmer qu’ils ne veulent plus de l’enfant. La comtoise n’a de cesse de sonner en se plaignant de douleurs au ventre. La tasse entame avec la théière une danse endiablée, le feu sort de l’âtre et vient taquiner le garçon. Depuis les lambeaux du papier peint, la pastoure, le pâtre, les moutons, le chien, la chèvre et d’autres encore, se rient de lui en se plaignant de leurs histoires qui s’arrêtent si brusquement. Sortie quant à elle d’une page arrachée d’un livre, une princesse lui fait part de tout ce qu’il a détruit. Apparaît un petit vieillard qui égrène sa comptine et embrouille le garçon dans ses nombres et ses tables de multiplication. Les chiffres renchérissent à leur tour. L’enfant, terrorisé s’effondre. C’est le duo d’amour du chat et de la chatte qui le réveille.
Deuxième partie
Le jardin
Sous la lueur de la lune, l’enfant entre dans le jardin où le cauchemar continue. Un arbre se plaint de la blessure que lui a faite un jour l’enfant avec son canif volé. Le chœur des autres arbres eux aussi se plaignent des mauvais traitements subis. Surgissent une libellule toujours à la recherche de son amie… épinglée sur le mur, des chauves-souris en deuil de la perte d’une des leurs, une rainette qui s’en mêle. Et d’autres bêtes encore qui se ruent sur l’enfant pour se venger de sa cruauté. C’est à qui s’en prendra à lui avant les autres. Dans la bataille, un petit écureuil est blessé et l’enfant va le panser. Les animaux, à la vue de la bonne action, se calment, rendent l’enfant à sa mère. Le voilà pardonné.
Rozven
Aurélie et Pierre-Emmanuel Poujardieu, coproducteurs de cette manifestation, nous accueillent au Domaine de Rozven dans ce lieu prestigieux, historique, face à la mer, la Maison des Dunes, ayant appartenu à l’écrivaine Colette entre 1910 et 1926.